Collégien à Mascara (B. LAOUFI)

A l’intention de tous mes camarades Mascaréens, à l’intention de nos maîtres, tous ces professeurs que nous respections et aux quels nous devons tant.

Boualem LAOUFI            54 ans aprés Boualem a retrouvé Claude son frére Voir le texte de Claude

Certes, Mascara était la Capitale du vin portant son nom, avec ses caves dans les villages environnants, Mascara était la grosse garnison de chasseurs d'Afrique et de légionnaires, la cité de l'Émir ABDELKADER et le bastion TURC tenant le TELL Oranais.

MASCARA, pour moi, était aussi la ville aux deux collèges, de jeunes filles et de garçons, ouverts aux jeunes Mascaréens, bien entendu, mais à nous les jeunes du Sud, de TIARET et sa région, PALAT, TRUMELET, MARTINPREY, de SAÎDA, de GERYVILLE, d'AÎN SEFRA, COLOMB BECHAR et KENADZA.

 Aux jeunes dont les parents pouvaient supporter les frais de pension, mais, aussi, aux jeunes fort nombreux qui étaient boursiers de l'état, du département (Oran) ou de la commune d'origine. Jeunes de toutes confessions et de toutes conditions, respectueux de leurs professeurs, avides de savoir et pourquoi pas ambitieux.

Leurs héros étaient le Docteur SCWEITZER, le Père de FOUCAULT, GANDHI et Lord MONTBATTEN, Alain MIMOUN, HERZOG et LACHENAL, Irène et JOLIOT- CURIE, le père RIQUET et ses sermons, JOUVET et COCTEAU, Marcel AMROUCHE, MOULOUD FERRAOUN et ROBLES, DARUI, SEN BAREK, Marcel CERDAN 1 Omar KOUIDRI et tant d'autres et pourtant les « MEDIAS », et heureusement, n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui avec parfois leur saturation d'informations jusqu'à la désinformation. Leurs professeurs avaient nom :

  Madame CONSTANTIN, Mademoiselle GEMINI, l'une et l'autre , 0- combien. respectées, la première pour sa gentillesse et la seconde par sa sévérité naturelle, mais avec un cœur énorme.   Monsieur TAHAR, érudit en latin comme en arabe, dont nous n'avions appris l'appartenance au parti de FERHAT ABBAS, les Amis du manifeste, qu'après son élection au Conseil de la République (le sénat de la 4e).

C'est lui qui nous a appris le classement, comme monument historique, de l'enceinte de la ZAOUÎA de MAHIEDDINE, père de l'émir ABDELKADER, par Monsieur NAEGELEN, Gouverneur Général de l'Algérie en 1948. Il a en outre commenté les paroles de l'émir gravées sur le monument commémoratif de CACHEROU sur l'entente des deux peuples appelés à vivre ensemble et réaliser de grandes choses. Hélas !

C'était en somme, ce que préconisaient FERHAT ABBAS, l'élite musulmane et les gens de bonne volonté de tous bords, avant que les e,-,Irémistes n'aient tout démoli. Hélas

  Je n'oublierai pas Monsieur BENAMOUR. Monsieur BOUYAKOUB, pas toujours chanceux avec ses expériences de physique-chimie. mais, lui aussi, pouvant remplacer le professeur de latin ou d'arabe à la demande.

C'est bien lui, qui lors de la distribution des prix. avait eu l'honneur de faire le discours d'usage. Il avait pris comme sujet : l'atome. Je crois bien que le courant n'était pas bien passé entre le conférencier et l'auditoire. tant le sujet était nouveau à l'époque.

Enfin Monsieur LEVY, jeune professeur de lettres, latin et grec, nous subjuguait par ses citations. Je garde un impérissable souvenir de ses commentaires sur l’œuvre de De Vigny « Servitudes et Grandeurs Militaires » et pour cause. Il m'a fait l'honneur de conserver une de mes dissertations sur le choix du métier : « celui des Armes » bien entendu.  

De tous ces professeurs cités et j 'en oublie, le dernier que j'aie pu rencontrer, a été Mademoiselle GEMINI. Alors que j'étais en garnison à ELBORDJ en 1957, lors d'une liaison à MASCARA, j'avais rencontré deux de mes anciens camarades de classe, SEBBANE Ali et PERF7 Jean de THIERSVILLE. Notre première pensée a été de rendre visite à cette grande DAME à la retraite, qui avait marqué tant de ses élèves; elle savait faire partager sa passion des Maths, en effet, il n'y avait que peu de traînards dans ses classes.

C'est avec un énorme bouquet de fleurs que nous l'avons revue, son émotion était à son comble et notre joie respectueuse aussi. Nous nous sentions encore sous son emprise, je le répète, combien sévère d'apparence, mais pleine de générosité.

C'est le dernier souvenir que je garde de MASCARA, qui a été, aussi, dans mes jeunes années, sous-préfecture avec ses activités culturelles et sportives que pouvaient lui envier tant de sous-préfectures de l'hexagone.

C'est ainsi que, nous, collégiens, avons pu adhérer au ciné-club, l'un des premiers en Algérie, sous l'égide de Maître VAUGIEN et Maître AMOUYAL, que nous avons pu voir et apprécier Micheline OSTERMEYER, champions olympique et pianiste virtuose, au théâtre municipal.

 MASCARA, sous préfecture avec ses deux équipes de football, le GALL[A et l'AGSM, équipes souvent adverses, mais ayant tenu en échec l’équipe de Roubaix, vainqueur de la Coupe de France, en tournée en Algérie, avec les noms prestigieux à l'époque: FRUTUOSO, JERUSALEM et surtout DA RUI (plusieurs fois gardien de l'équipe de France).

Les héros de ces deux équipes étaient les frères RUEDA, JORRO, DJAKER, GAUCHER et mon camarade Dédé SALVA,*jeune espoir d'alors, tout comme mon « cousin » Norbert SERRANO.

Je ne puis énumérer la réussite de tant de mes camarades de MASCARA, dans l'enseignement, la fonction publique ou la politique, mais je me plais souvent de citer celle, combien exemplaire de Réné DIAS, camarade de classe de seconde et première.

Originaire de la Région d'ARZEN, d'un milieu modeste, il assumait les fonctions de surveillant tout en étant élève pour payer sa pension.

Jamais, il n'a eu de problèmes avec les élèves internes ou externes, tant la solidarité avait joué entre nous.

Réné DIAS est aujourd'hui Général de Brigade du Cadre de Réserve. Que de chemin parcouru depuis, que de volonté et de rage de réussir !

Bravo René, bravo à tous et merci à nos maîtres et peut-être à bientôt à certains d'entre vous, mes camarades.

BOUALEM LAOUFI ( 4 e-1ére 1946 – 1950 

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